Episode de la pièce de Dumas « Antony »
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«Elle me résistait, je l’ai assassinée!….»
–La dernière scène de « Antony » —
Antony, héros de Dumas, a été comparé avec « Les Souffrances du jeune Werther » [ref]titre original en allemand : Die Leiden des jungen Werthers[/ref] (1774) de Goethe et Saint-Preux, héros de « Julie ou la Nouvelle Héloïse » (1761) de Rousseau au point de vue de la relation triangulaire avec une femme mariée et; au point de tempérament, il a été comparé avec le héros de « Hernani » (la première représentation en 1830) de Hugo et Didier, lui aussi un bâtard et héros de « Marion Delorme » (la première représentation en 1831) et le héros de « Chatterton » (la première représentation en 1835) de Vinnie.
Ici, examinons la place de « Antony » par rapport aux théories qui préparaient le théâtre romantique français comme « Entretiens sur Le Fils naturel » de Diderot, « Eugénie, drame en 5 actes en prose avec un essai sur le drame sérieux » (Première représentation en 1767) de Beaumarchais, « Racine et Shakespeare » de Stendhal, ou « Préface de Cromwell » de Hugo.
Diderot et Beaumarchais qui le suivait, pour décharger la dichotomie traditionnelle comme « tragédie » et « comédie », a proposé de créer le genre intermédiaire qui avait la relation étroite à la vie civile, et Hugo a promu la théorie qui particulièrement délaisse les unités de temps et de lieu dans les trois unités[ref]En un jour : l’unité de temps, En un lieu : l’unité de lieu, Un seul fait : l’unité d’action[/ref] du drame de genre intermédiaire.
Stendhal insistait sur l’abandon des trois matches bien sûr, mais plus extrêmement sur l’abandon du drame en vers, mais Hugo n’a pas abandonné toute sa vie les drames en vers. À propos, depuis Mérimée, « Cromwell » (l’Angleterre au 17e siècle), « Hernani » (l’Espagne au 16e siècle) , « Marion de Lorme » (la France au 17e siècle) de Hugo, ou « Christine » (la Suède au 17e siècle) de Dumas, même s’ils étaient les drames historiques, mais ils étaient tous écrits en vers. Cependant, une année avant « Hernani », Dumas, audacieusement a lancé « Henri III et sa cour » sur la scène de la Comédie Française, comme s’il avait répondu à l’affirmation de Stendhal, parce que cette pièce était un drame en prose avec les couleurs locales (de l’époque et de la localité).
Je cite maintenant l’épisode que j’aime le plus de « Alexandre Dumas » écrit par André Maurois. Les épisodes intéressants dans la vie d’Alexandre Dumas comme écrivain, on ne peut les compter, tellement il y a. Cette histoire entre autres est vraiment devenue un des épisodes les plus préférés pour moi, pour la raison qu’il me fait sentir l’essence du théâtre.
Le succès d’Antony fut profond et durable. Cent trente représentations à Paris. Les salons, pour la première fois, venaient à la Porte-Saint-Martin. En province, ce drame demeura le triomphe de Marie Dorval. Elle adorait la pièce et la servait bien. Un jour, à Rouen, un régisseur ignorant fit tomber le rideau sur le coup de poignard d’Antony, sans attendre la réplique finale. Bocage, furieux, courut s’enfermer dans sa loge. Le public, privé du dénouement attendu et déjà célèbre, protestait à grands cris.
Dorval, bonne fille, reprit la pose sur le fauteuil. Bocage refusa de reparaître en scène. Le public hurlait: « Dorval! Bocage! » et menaçait de casser les banquettes. Le régisseur, terrifié par cette bourrasque, releva le rideau dans l’espoir que Bocage céderait. Le public haletait. Marie Dorval sentit qu’il fallait agir. La morte se redressa, se leva, marcha jusqu’à la rampe : « Messieurs, dit-elle, je lui résistais …. Il m’a assassinée. » Puis elle fit une belle révérence et sortit, « saluée par un tonnerre d’applaudissements ». Tel est le théâtre.[ref]André Maurois, Les Trois Dumas, Hachette, 1957, p.98.[/ref]
Marie Dorval (1798-1849)
Bocage (1801-1863) caricaturé
Théâtre de la Porte-Saint-Martin
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