Dossier VIII TEXTE : Du côté de chez Swann

TEXTE

マルセル・プルースト Marcel Proust (1871 パリ生-1922 パリ没)小説家。パリ・コミューン の直後ユダヤ系の家に生まれた。彼は幼少の頃からぜん息であったため、職を諦めなくてはな らなかったが, 96年、収集した詩や社交界に関する記事に, アナトール・フランス Anatole France の序文を付け、『楽しみと日々』Les Plaisirs et les Jours として発表する。しかし反響も なく,またその後相次いで親を亡くし、失意のうちにコルクを張った部屋に閉じ籠もって、『失 われた時を求めて』A la Recherche du Temps perdu の執筆にのみ生きた。生前にやっと4巻が 出版され, ゴンクール賞を受けるが、全巻の出版は死後に持ち越される。人間の性格や感情の唯名論的な解釈に基づいた長大なこの小説は、現代文学に重大な影響を与えた。テキストは第1篇 スワン家の方へ 第1部 コンブレー Combrayから。一文が極めて長いプルーストの文体は文法的な読解力を試すには絶好のテキストである。

Du côté de chez Swann

À cette époque j’avais l’amour du théâtre, amour platonique, car mes parents ne m’avaient encore jamais permis d’y aller, et je me représentais d’une façon1 si peu exacte2 les plaisirs qu’on y goûtait 3 que 4 je n’étais pas éloigné de croire que 5 chaque spectateur regardait comme dans un stéréoscope un décor qui n’était que pour lui6, quoique 7 semblable au millier d’autres que regardait, chacun pour soi, le reste des spectateurs.

Tous les matins je courais jusqu’à la colonne Moriss 8pour voir les spectacles qu’elle annonçait. Rien n’était plus désintéressé et plus heureux que les rêves9 offerts10 à mon imagination par chaque pièce annoncée, et qui11 étaient conditionnés à la fois par les images inséparables des mots qui en composaient le titre et aussi de la couleur des affiches encore humides et boursouflées de colle sur lesquelles il12 se détachait. Si ce n’est une de ces oeuvres étranges comme le Testament de César Girodot13 et Oedipe-Roi14lesquelles s’inscrivaient, non sur l’affiche verte de l’Opéra-Comique, mais sur l’affiche lie de vin de la Comédie-Française, rien ne me paraissait plus différent de l’aigrette étincelante et blanche des Diamants de la Couronne que le satin lisse et mystérieux du Domino Noir, et, mes parents m’ayant dit que quand j’irais pour la première fois au théâtre j’aurais à choisir entre ces deux pièces, cherchant à approfondir successivement le titre de l’une et le titre de l’autre, puisque c’était tout ce que je connaissais d’elles, pour tâcher de saisir en chacun le plaisir qu’il me promettait et de le comparer à celui que recélait l’autre, j’arrivais à me représenter avec tant de force, d’une part une pièce éblouissante et fière, de l’autre une pièce douce et veloutée, que j’étais aussi incapable de décider laquelle aurait ma préférence, que si, pour le dessert, on m’avait donné à opter entre du riz à l’Impératrice et de la crème au chocolat.

Toutes mes conversations avec mes camarades portaient sur ces acteurs dont l’art, bien qu’il me fût encore inconnu, était la première forme, entre toutes celles qu’il revêt, sous laquelle se laissait pressentir par moi l’Art. Entre la manière que l’un ou l’autre avait de débiter, de nuancer une tirade, les différences les plus minimes me semblaient avoir une importance incalculable. Et, d’après ce que l’on m’avait dit d’eux, je les classais par ordre de talent, dans des listes que je me récitais toute la journée, et qui avaient fini par durcir dans mon cerveau et par le gêner de leur inamovibilité.

Plus tard, quand je fus au collège, chaque fois que pendant les classes je correspondais, aussitôt que le professeur avait la tête tournée, avec un nouvel ami, ma première question était toujours pour lui demander s’il était déjà allé au théâtre et s’il trouvait que le plus grand acteur était bien Got, le second Delaunay, etc. Et si, à son avis, Febvre ne venait qu’après Thiron, ou Delaunay qu’après Coquelin, la soudaine motilité que Coquelin, perdant la rigidité de la pierre, contractait dans mon esprit pour y passer au deuxième rang, et l’agilité miraculeuse, la féconde animation dont se voyait doué Delaunay pour reculer au quatrième, rendait la sensation du fleurissement et de la vie à mon cerveau assoupli et fertilisé.

Mais si les acteurs me préoccupaient ainsi, si la vue de Maubant sortant un après-midi du Théâtre-Français m’avait causé le saisissement et les souffrances de l’amour, combien le nom d’une étoile flamboyant à la porte d’un théâtre, combien, à la glace d’un coupé qui passait dans la rue avec ses chevaux fleuris de roses au frontail, la vue du visage d’une femme que je pensais être peut-être une actrice laissait en moi un trouble plus prolongé, un effort impuissant et douloureux pour me représenter sa vie. Je classais par ordre de talent les plus illustres : Sarah Bernhardt, la Berma15, Bartet, Madeleine Brohan, Jeanne Samary, mais toutes m’intéressaient. Or mon oncle en connaissait beaucoup et aussi des cocottes que je ne distinguais pas nettement des actrices. Il les recevait chez lui. Et si nous n’allions le voir qu’à certains jours c’est que, les autres jours, venaient des femmes avec lesquelles sa famille n’aurait pas pu se rencontrer, du moins à son avis à elle, car, pour mon oncle, au contraire, sa trop grande facilité à faire à de jolies veuves qui n’avaient peut-être jamais été mariées, à des comtesses de nom ronflant, qui n’était sans doute qu’un nom de guerre, la politesse de les présenter à ma grand’mère ou même à leur donner des bijoux de famille, l’avait déjà brouillé plus d’une fois avec mon grand-père. Souvent, à un nom d’actrice qui venait dans la conversation, j’entendais mon père dire à ma mère, en souriant : « Une amie de ton oncle » ; et je pensais que le stage que peut-être pendant des années des hommes importants faisaient inutilement à la porte de telle femme qui ne répondait pas à leurs lettres et les faisait chasser par le concierge de son hôtel, mon oncle aurait pu en dispenser un gamin comme moi en le présentant chez lui à l’actrice, inapprochable à tant d’autres, qui était pour lui une intime amie.

以下のYouTube動画はプルーストの『失われた時を求めて』の全文を朗読したプロジェクトです。クリックすると引用したページの部分の最初から朗読しています。

 

Marcel Proust A la recherche de temps perduの全文朗読YouTube動画です。

https://www.youtube.com/playlist?list=PLE3WQLyYASwXFujb_bt0gX6V2BCKqX2oK

 

同じ動画の完全版以前のYouTube動画はこれです。

  1. d’une façon+形容詞(ここではexacte)…な仕方で、…な風に
  2. si +形容詞または副詞(ここではexacteという形容詞)…que あまりにも…なので…
  3. les plaisirs qu’on y goûtait このqu’(que)は目的格の関係代名詞で、les plaisirs が他動詞goûterの直接目的語「人々がそこで味わう喜び」
  4. queこの接続詞queがsiの係り結びのque
  5. このqueは他動詞croireの目的語となる名詞節(chaque spectateur regardait comme dans un stéréoscope un décor…)を導く
  6. qui n’était que pour lui の接続詞queはne…que…「…しか…ない」という用法。ここでは「かれだけのものである」の意味。
  7. quoique譲歩を表す接続詞。この場合、節ではなく、quoique+形容詞として使われている。「…ではあるが、…にもかかわらず」の意味。
  8. ドイツで考案された広告柱で、1939年パリで設置認可され、その後フランス全土に設置された映画や演劇などの広告用の円柱。プルーストは«Moriss»と書いているが、正しくはMorris のようで、Colonne Morrisという次のwikipédiaを参照してください。https://fr.wikipedia.org/wiki/Colonne_Morris
  9. rien ne plus +形容詞 que 名詞 でより「形容詞」以上の「名詞」はない、という意味。
  10. offrirの過去分詞で、この場合以下の語を従えてles rêvesを修飾する形容詞句
  11. 主格の関係代名詞で先行詞はles rêves
  12. =le title
  13. Adolphe Belot & Edmond Villetard作三幕散文喜劇『セザール・ジロドーの遺言』
  14. ジュール・ラクロワ翻案によるソフォクレス『オイデプス王 』
  15. サラ・ベルナールと並ぶ女優で、プルーストの作中人物

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